La Verrerie de Meisenthal voit le jour en 1704, dans les Vosges du Nord, dans l’Est de la France. Elle produira des dizaines de millions de pièces de verre utilitaire, de gobeleterie bon marché. Entre 1867 et 1894 la verrerie sert de laboratoire à Emile Gallé, chef de file de l’Ecole de Nancy, qui y effectue des recherches techniques et artistiques sans précédent, conférant à Meisenthal le statut de « berceau du verre Art Nouveau ». L’unité de production traverse les conflits mondiaux mais ne faisant pas le choix de la modernisation de l’outil de production, vient s’échouer à l’aube des années 70. L’usine qui compta jusqu’à 650 salariés ferme ses portes le 31 décembre 1969, laissant dans son sillage une sirène aphone, l’église noire de fumées, une friche désossée par les ferrailleurs et les souvenirs friables d’une aventure ouvrière (dé)passée. Plein emploi oblige, pas de mouvements sociaux, pas de révolte. Juste la petite mort anodine d’une société anonyme. En apparence seulement. Parce que là-bas, au creux des montagnes, la foi des hommes, entrepreneurs, verriers virtuoses et créateurs ne s’est jamais éteinte...
Après de nombreuses étapes de reconversion du site de l’ancienne Verrerie, qui prennent leur source dans les origines du Musée du Verre de Meisenthal en 1978, le Centre International d'Art Verrier [CIAV] voit le jour en 1992 dans l’ancien atelier de taille de la Verrerie, grâce à une volonté politique locale. Le CIAV, établissement public, a pour but de préserver la mémoire technique de son territoire, d’en assurer la continuité et de réinscrire la production verrière traditionnelle dans son époque. Il croise ainsi les mondes traditionnellement cloisonnés de la production artisanale et de l’industrie, de la création contemporaine et des savoir-faire traditionnels, dans le but d’initier de nouvelles dynamiques culturelles, économiques et touristiques autour des métiers du verre.